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Mosquée occupée, "liberté d’expression outrepassée"

Dimanche, 12 Novembre, 2017
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Poitiers. La justice a condamné, hier, Génération identitaire et cinq de ses militants pour les slogans et les dégradations commises sur le toit de la mosquée.

 

Liberté d’expression bafouée, selon les avocats des militants du groupe d’extrême droite Génération identitaire renvoyés devant la justice ainsi que leur mouvement pour dégradations et surtout provocation à la haine raciale.

Liberté d’expression outrepassée, pour la communauté musulmane et la justice.
Le président du tribunal de grande instance de Poitiers, Franck Wastl-Deligne s’est attaché, au moment de rendre le délibéré en l’absence des prévenus et de leurs avocats, à détailler la motivation des condamnations prononcées (lire par ailleurs le détail).
“ Pas vocation à exercer une police de la pensée ” « Un tribunal correctionnel n’a pas vocation à exercer une police de la pensée et à porter un jugement sur les opinions des parties », a-t-il posé en préambule.
« La seule question à laquelle le tribunal doit répondre est de savoir si l’action commise par ces prévenus est restée dans les limites de leur liberté d’expression. »
Six slogans avaient été relevés, scandés ou repris sur des banderoles : « 732 », « Charles Martel », « 2012, Poitiers, nous sommes les héritiers », « l’identité on s’est battu pour la reprendre, on se battra pour la défendre », « Gaulois réveille-toi, pas de mosquée chez toi », « Ni kebab, ni mosquée ».
Pour chacun, le président est venu préciser le contenu mais surtout le contexte. « La bataille de Poitiers est un fait historique, mais la mettre en avant pour une revendication politique constitue une référence guerrière et sanglante particulièrement agressive à l’égard de la communauté musulmane de France », indique le jugement.
Il considère que tous les slogans, même le plus « anecdotique » sur le kebab, comportent une connotation agressive « qui va bien au-delà de la simple question de la construction de mosquées ».
Ce jour-là, Génération identitaire qui lançait médiatiquement son mouvement par ce coup d’éclat réclamait justement ce referendum.
Seul présent pour le délibéré avec son conseil Me Froidefond, le recteur de la mosquée de Poitiers, Boubaker El Hadj Amor, s’est dit satisfait du jugement rendu.
« Le jugement et ses motivations expliquent bien qu’on ne peut pas donner un chèque en blanc à des racistes », a-t-il réagi.
« Il fallait cela pour donner un coup de frein à ces agissements. Le jugement explique bien que l’on peut faire référence à Charles Martel et à la Bataille de Poitiers, mais pas n’importe comment ni en tenant n’importe quels propos. »
Ce jugement clôt le premier acte judiciaire. La discussion va reprendre en appel. « Hallucinant » a réagi Damien Lefevre, l’un des prévenus après communication du jugement. « Évidemment on fait appel. Nous allons nous battre jusqu’au bout. »
L’occupation de la mosquée de Poitiers risque d’occuper encore longtemps la justice, jusqu’à ce que toutes les voies de recours soient épuisées.

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