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Racisme: un an après les émeutes, la plaie reste à vif

Mercredi, 25 Octobre, 2006
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Yazid, jeune Français de Clichy-sous-Bois, envoie depuis plus d'un an des CV "comme autant de bouteilles à la mer". Un an après les émeutes et leur cortège de promesses, ce jeune diplômé dit continuer à se heurter au racisme et aux discriminations.

Né à la cité des Bosquets, dans cette ville de Seine-Saint-Denis, Yazid a pourtant fait un parcours scolaire sans faute: un baccalauréat économique, puis une licence et une maîtrise de marketing.

Dépêches de l'Education

 

du Mercredi 25 octobre 2006

 

 




 

 

Racisme: un an après les émeutes, la plaie reste à vif

 

Yazid, jeune Français de Clichy-sous-Bois, envoie depuis plus d'un an des CV "comme autant de bouteilles à la mer". Un an après les émeutes et leur cortège de promesses, ce jeune diplômé dit continuer à se heurter au racisme et aux discriminations.

Né à la cité des Bosquets, dans cette ville de Seine-Saint-Denis, Yazid a pourtant fait un parcours scolaire sans faute: un baccalauréat économique, puis une licence et une maîtrise de marketing.

Pourtant comme nombre de ses jeunes voisins, diplômés ou en échec scolaire, à 25 ans Yazid se définit comme un "hittiste", terme employé dans le pays de ses parents, l'Algérie, pour désigner les chômeurs, ceux qui "tiennent le mur" ("hit" en dialecte).

"J'ai décroché seulement quatre entretiens en un an et à chaque fois on m'a fait comprendre qu'on ne voulait pas d'un arabe, on m'a longuement interrogé sur mon lieu de résidence et sur la validité de mes diplômes", affirme-t-il d'un ton las. "Il y a eu beaucoup de promesses pendant et après les émeutes mais on a jamais rien vu venir de concret".

Depuis un an, le gouvernement a annoncé un arsenal de mesures, notamment dans le domaine éducatif et dans l'emploi, regroupées au sein de la loi sur l'égalité des chances. Mais ces annonces n'ont pas nécessairement changé les perceptions dans les quartiers.

"J'ai le sentiment que tout ce qu'on fait ne parvient pas aux oreilles ni au pied des immeubles HLM", s'énervait mardi sur LCI le ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances Azouz Begag.

Pour Alassane, un autre jeune des Bosquets, le constat demeure le même: "les discriminations s'empilent". "Le pire pour trouver un boulot, c'est que je suis noir et je vis dans une ville dont tout le monde a peur depuis les émeutes". Ce jeune Français d'origine guinéenne "survit" avec des CDD dans la restauration rapide, "l'un des seuls secteurs qui emploie des noirs et des arabes avec la sécurité et les éboueurs". Quand il revient du travail, "il faut encore supporter les contrôles de police au faciès, ça non plus ça n'a pas changé".

Pour Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme, depuis les émeutes, "les discriminations ont davantage fait partie du débat public mais il n'y a eu aucune avancée concrète".

M. Thomas relève que les deux principaux points de la loi sur l'égalité des chances destinés aux jeunes de banlieue - le testing et le CV anonyme - n'ont pas été mis en place. Selon lui, l'anonymat du CV "dérange un certain nombre de groupes notamment les syndicats et le patronat qui souhaitent continuer pour les stages par exemple à fonctionner avec des réseaux familiaux, à pouvoir caser un cousin ou un neveu".

"Au-delà de quelques mesurettes, on n'a rien réglé", renchérit Mouloud Aounit, secrétaire général du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap). "La France continue à mettre dans ses angles morts de l'égalité ses enfants qu'on appelle toujours issus de l'immigration".

Selon M. Aounit, le racisme a même augmenté depuis un an à travers un discours politique basé, avant l'échéance présidentielle de 2007, sur "une équation vénéneuse des trois i: insécurité, immigration et islamisation de la France" qui va selon lui "servir l'extrême droite".

Depuis les émeutes, le racisme anti-arabe et l'islamophobie se sont déchaînés sur certains sites d'extrême droite - notamment la nébuleuse autour de france-echos.com - qui font un amalgame permanent entre violences et islam, sans pour autant être sanctionnés par les pouvoirs publics.

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