Aller au contenu principal

egal.fr

 banniére

Le camping fixait des quotas

Lundi, 27 Août, 2001
Logo

Le camping les Chênes n'acceptait pas « les groupes composés à plus de 50 % d'enfants de couleur ». L'affaire remonte à un an. SOS-Racisme porte plainte pour discrimination raciale

MEDIS (CHARENTE-MARITIME)
Le camping fixait des quotas
Le camping les Chênes n'acceptait pas « les groupes composés à plus de 50 % d'enfants de couleur ». L'affaire remonte à un an. SOS-Racisme porte plainte pour discrimination raciale

Par : BENOIT DURAND


Dans un courrier, le propriétaire du camping les Chênes affirme que son établissement n'accepte pas les groupes « composés à plus de 50 % d'enfants de couleur »
(Photo Stéphane Papeau)

L'association SOS-Racisme s'est prêtée à de nombreux contrôles à l'entrée des campings de la côte atlantique durant l'été. Une affaire de discrimination raciale, relayée dans « le Monde » du 18 août dernier, a ainsi éclaté au grand jour à Pornichet. Le Sud-Ouest n'est pas épargné : l'association vient de porter plainte contre un camping de Médis.

CONTACT EN MARS 2000
L'affaire date de l'année dernière. Afin de préparer les vacances des jeunes du quartier, le foyer Guy-Chevrot, de Laval, contacte en mars 2000, le camping les Chênes, à Médis (17). Quelques jours plus tard, le foyer se voit répondre que le camping accepte leur venue à certaines conditions dont une, écrite noir sur blanc, et qui a de quoi surprendre tout le monde : le camping n'accepte pas « les groupes composés à plus de 50 % d'enfants de couleur, afin d'éviter les clans ».
L'équipe éducative du foyer Guy-Chevrot considère que la mesure est discriminatoire et contacte, en juin 2000, la Commission d'accès à la citoyenneté (CODAC) de la Mayenne qui prend l'affaire en main. Le dossier est transmis à la CODAC de La Rochelle, puis au procureur de la République de Saintes qui ouvre une information.
Une fois les éléments réunis, il transmet le dossier à la préfecture de La Rochelle, en avril 2001, afin d'obtenir l'avis du préfet. Et depuis, plus de nouvelles. L'association SOS-Racisme a donc décidé de solliciter directement au procureur de la République de Saintes, le 24 août dernier, afin de relancer l'affaire.

DOSSIER AU POINT MORT
« Le dossier est au point mort. Voilà maintenant quatre mois que tous les éléments sont à la préfecture de La Rochelle et rien ne se passe. Pourtant c'est une nouvelle fois un cas flagrant de discrimination raciale; c'est un délit qui doit être réprimé », explique Samuel Thomas, vice-président de SOS-Racisme. L'association espère que « des sanctions exemplaires » seront prises à l'encontre du camping. « Le cas de Médis n'est malheureusement pas isolé et bon nombre de campings de la côte atlantique pratiquent la discrimination raciale, poursuit Samuel Thomas. Mais les CODAC ont souvent tendance à enterrer les dossiers ou bien à préférer une médiation qui ne donne jamais rien ». Le procureur de la République de Saintes assure, lui, que l'affaire sera traitée le plus rapidement possible.
De son côté, Jean-Claude Collin, propriétaire du camping, se défend totalement d'avoir des pratiques à caractère discriminatoire. « Nous ne sommes pas du tout racistes ! Mon but est avant tout de garantir la tranquillité des résidants. Nous sommes un des derniers campings à accepter les groupes mais là, je crois que je vais complètement arrêter d'en recevoir. Je ne veux pas qu'on m'oblige à accepter des personnes qui vont saccager mon camping et perturber la tranquillité des clients ». Et le propriétaire du camping de mettre ensuite en doute la qualité de l'accompagnement des jeunes. « En plus, ils sont toujours mal encadrés et forment des clans ethniques. Ils ne s'intègrent pas. Mais je me défendrai sur cette affaire ! » Le propriétaire du camping devrait en avoir l'occasion prochainement. Avis du préfet ou non, SOS-Racisme compte en effet se porter partie civile dans l'affaire. On s'oriente donc vers un procès qui pourrait avoir lieu au tribunal correctionnel de Saintes.

Publier un nouveau commentaire

Le contenu de ce champ sera maintenu privé et ne sera pas affiché publiquement.