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Une agence jugée de discrimination raciale

Lundi, 4 Juillet, 2005
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Le tribunal correctionnel de Toulouse juge la gérante d'une agence immobilière soupçonnée d'avoir, pendant des années, écarté des étrangers ou des personnes d'origine étrangère des offres de logement à la demande d'au moins 250 propriétaires.

Une agence jugée
de discrimination raciale

Le tribunal correctionnel de Toulouse juge la gérante d'une agence immobilière soupçonnée d'avoir, pendant des années, écarté des étrangers ou des personnes d'origine étrangère des offres de logement à la demande d'au moins 250 propriétaires.

 

 


e tribunal correctionnel de Toulouse jugeait lundi 4 juillet la gérante d'une agence immobilière soupçonnée d'avoir, pendant des années, écarté des étrangers ou des personnes d'origine étrangère des offres de logement à la demande d'au moins 250 propriétaires.
L'association SOS Racisme, partie civile, avait déposé plainte en mai 2003 contre l'agence SUD Location, après le témoignage d'une ancienne salariée qui dénonçait des pratiques discriminatoires à l'encontre de certaines populations, principalement maghrébine et d'Afrique noire.

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Sud Location est une agence qui propose des listes d'appartements à louer contre le paiement d'un abonnement.
Selon SOS Racisme, le listing informatique comme les fiches manuscrites de renseignements sur les logements à louer faisaient parfois apparaître la mention P.E. pour "pas d'étranger".
"Effectivement, il peut figurer sur certaines fiches la mention P.E.", a reconnu dans une déposition la gérante de l'agence, seule prévenue, en précisant que c'était "à la demande exclusive des propriétaires et non pas de (son) initiative".
Dans le cadre de l'enquête, la gérante a fourni une liste de quelque 250 propriétaires qui auraient demandé l'utilisation de la mention "pas d'étranger", tout en précisant à la justice que c'était une liste partielle.
Mais les 250 propriétaires n'ont pas été poursuivis. "La police n'a pas jugée utile de les interroger en mettant en avant la lourdeur de l'enquête", regrette amèrement Samuel Thomas, le président de SOS Racisme.

Propriétaires absents

"On a perdu l'occasion de juger les acteurs de tout un système et pas seulement la tête de pont; mais on se réserve le droit de les attaquer plus tard", ajoute-t-il.
Toutefois, cette affaire, même s'il n'y a qu'une prévenue, la gérante, s'attaque bien à des discriminations systématiques.
"Avec des centaines de victimes et des centaines d'auteurs de discriminations, c'est bien le procès d'un système cette fois-ci, alors que jusqu'à maintenant les actions en justice concernaient des cas individuels", souligne Samuel Thomas.
Le président de SOS Racisme rappelle à ce sujet que de nombreux dossiers impliquant des organismes publics, comme des offices HLM par exemple, "n'ont pas abouti pour l'instant, alors que les faits sont étayés".
Les condamnations sont aussi parfois difficiles à obtenir faute de preuves, même si le "testing", via des enregistrements de conversations téléphoniques, a été pris en compte par la justice.
"L'ampleur des discriminations au logement est immense, on le voit avec une affaire comme SUD Location, mais il y a tout de même des changements de comportement", se réjouit Samuel Thomas.
Et de citer des agents immobiliers qui se tournent vers SOS Racisme pour savoir ce qu'ils peuvent faire face à des propriétaires racistes ou des témoins de discrimination qui n'hésitent pas à agir.

 AP

© Le Nouvel Observateur 1999/2000

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