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Il fait condamner une agence immobilière

Jeudi, 6 Octobre, 2005
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«DÉSOLÉ. La propriétaire ne souhaite pas louer aux gens de couleurs. » Quand Florentin Kouamé, un chauffeur de taxi d'origine ivoirienne, avait poussé la porte de l'agence immobilière de Cheuvry (XV e ) pour se renseigner sur une location, il avait obtenu une réponse sans ambiguïté.

Il fait condamner une agence immobilière

 

 

 

«DÉSOLÉ. La propriétaire ne souhaite pas louer aux gens de couleurs. » Quand Florentin Kouamé, un chauffeur de taxi d'origine ivoirienne, avait poussé la porte de l'agence immobilière de Cheuvry (XV e ) pour se renseigner sur une location, il avait obtenu une réponse sans ambiguïté. C'était en janvier 2001. L'incident - tristement banal - aurait pu en rester là. Quatre ans et deux procès plus tard, l'affaire vient de déboucher, hier, sur une condamnation pénale pour discrimination au logement. Une première dans la capitale. Relaxée en avril dernier, Annie Garnier, 60 ans, a été condamnée en appel à 2 000 € d'amende. L'employée qui avait éconduit Florentin Kouamé et l'agence immobilière où elle travaille devront verser des dommages et intérêts (symboliques) au plaignant et à SOS Racisme, partie civile. Une « belle victoire », se félicite Samuel Thomas, le vice-président de l'association antiraciste. Pas de trace écrite, pas de « testing »... L'affaire ne reposait « que » sur la parole de Florentin Kouamé. Interrogée par la police, l'enseignante strasbourgeoise, propriétaire de l'immeuble, a nié avoir donné des consignes à l'agence. De son côté, Annie Garnier s'est contentée durant toute la procédure d'évoquer les revenus insuffisants du chauffeur de taxi pour justifier le refus de location. La cour n'a pas retenu l'argument de l'agent immobilier. L'affaire a mis l'accent sur les pratiques contestables de la profession. En stage dans l'agence immobilière de son père au moment des faits, Renaud Dailly, 35 ans, l'avait rappelé avec naïveté à la barre. « Les propriétaires ne disent jamais qu'ils ne veulent pas de Noirs. Mais il suffit de voir les dossiers qu'ils acceptent pour comprendre. On ne fait que s'adapter aux besoins de nos clients », confirmait le jeune homme, sous le regard consterné des avocats de la défense. « Les agents immobiliers qui appliquent ou qui anticipent ces demandes doivent être jugés », insiste Samuel Thomas. « J'espère que ça servira de leçon pour les autres agences », ajoute Florentin Kouamé qui, lui, a dû quitter Paris. Le chauffeur de taxi, sa femme et leurs quatre enfants habitent désormais... à Evry, dans l'Essonne.

 

Benoît Hasse

Le Parisien , jeudi 06 octobre 2005

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