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"Discriminer peut coûter une carrière politique"

Mardi, 2 Avril, 2013
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Un message qui arrive à point nommé, la semaine où le Premier ministre, Dominique de Villepin, lance une batterie de mesures pour lutter contre les discriminations en décrétant 2006 “année de l’égalité des chances”. Laurent Burlet

Quand ce “gaulliste” accède en 1983 à la mairie de Charvieu-Chavagneux, il a la volonté de mettre en application à sa façon cette phrase du général : “Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne” (voir Le cas Dezempte : déjà un lourd dossier nauséabond). Laurent Burlet

Discriminer peut coûter une carrière politique

Justice. Le tribunal de Vienne vient de condamner Gérard Dezempte, le maire (UMP) de Charvieu-Chavagneux (Isère), à trois ans d’inéligibilité pour discrimination au logement. Une première. Si la condamnation est confirmée en appel, il sera contraint à la démission.

La justice n’a pas tremblé. Le tribunal de Vienne a condamné le maire (UMP) de Charvieu-Chavagneux à trois ans d’inéligibilité pour avoir usé de son droit de préemption afin d’empêcher un couple aux origines maghrébines, les Ghezzal, d’acquérir une maison située sur le territoire de sa commune. Lors du procès du 18 octobre, le tribunal a rejeté la défense du maire et de son adjoint à l’Urbanisme (lui aussi poursuivi mais finalement relaxé). Selon Gérard Dezempte, acquérir la maison était une opportunité afin d’installer un local associatif dans le quartier ; idée qu’il aurait finalement abandonnée, compte tenu de la situation financière délicate des vendeurs. Sûr de son bon droit, il a fait appel. Cette décision reste une première en matière de discrimination au logement. Le juge est allé au-delà du réquisitoire du parquet, qui n’avait pas demandé l’inéligibilité. Si la condamnation est confirmée en appel, Gérard Dezempte devra démissionner de son mandat de maire et de conseiller général.
Avec ce jugement, la justice envoie un signal fort à tous ceux qui sont tentés de suivre l’exemple du maire de Charvieu-Chavagneux : appliquer la “préférence nationale ou ethnique” peut coûter une carrière politique. Un message qui arrive à point nommé, la semaine où le Premier ministre, Dominique de Villepin, lance une batterie de mesures pour lutter contre les discriminations en décrétant 2006 “année de l’égalité des chances”.
La justice siffle peut-être la fin de partie pour un maire que le Front national ne renierait pas. Quand ce “gaulliste” accède en 1983 à la mairie de Charvieu-Chavagneux, il a la volonté de mettre en application à sa façon cette phrase du général : “Nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne” (voir Le cas Dezempte : déjà un lourd dossier nauséabond). En 1989, il se fait nationalement connaître par la destruction par erreur de la mosquée. En 1997, il se vantait d’avoir fait baisser de 70 % à 38 % le pourcentage d’étrangers dans les HLM de la commune. Conséquence : les populations aux noms “connotés” ont toutes les peines du monde à se reloger dans les HLM de Charvieu. Quand ces personnes veulent construire, on refuse parfois leur permis de construire. Quand elles veulent acheter, certains font la même expérience que les Ghezzal : la mairie préempte.
En attendant que la décision de justice devienne définitive, certains, comme Azedine Haffar, président de l’Aneb (Association nationale des élus de banlieues), en appellent à son exclusion de l’UMP. Lyon Capitale a cherché à savoir ce qu’en pensait Alain Carignon, ami de Gérard Dezempte et président de l’UMP Isère, mais ni lui, ni le maire de Charvieu-Chavagneux n’ont souhaité nous répondre. Dans l’immédiat, comme le confiait Chantal Brême, chef de file de l’opposition municipale (Divers Gauche) à Charvieu : “Cette décision fait du bien à de nombreux habitants. Déjà, on a pu remarquer moins de préemptions, comme si Dezempte avait anticipé cette décision de justice qui pesait sur lui.” Malgré les 80 % obtenus par la liste de l’actuel maire lors des municipales, l’opposition pourrait reprendre plus rapidement la main, si Dezempte est contraint à la démission.


© Rolland Quadrini / KR Images Presse

Laurent Burlet

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