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Amende de 15.000 euros requise contre Georges Frêche, jugé pour injures

Vendredi, 1 Décembre, 2006
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 Le tribunal correctionnel de Montpellier qui jugeait jeudi le président socialiste de la région Languedoc-Roussillon Georges Frêche pour avoir traité les harkis de "sous-hommes", a mis l'affaire en délibéré au 25 janvier 2007, après que le procureur eut requis une amende de 15.000 euros.

Amende de 15.000 euros requise contre Georges Frêche, jugé pour injures

2006-12-01 10:05:13
MONTPELLIER (AFP)

 Le tribunal correctionnel de Montpellier qui jugeait jeudi le président socialiste de la région Languedoc-Roussillon Georges Frêche pour avoir traité les harkis de "sous-hommes", a mis l'affaire en délibéré au 25 janvier 2007, après que le procureur eut requis une amende de 15.000 euros.

Le procureur, Olivier Decout, a qualifié peu avant minuit, les propos de M. Frêche d'"injures scandaleuses qui doivent être sanctionnées" mais s'est borné à demander une amende et la publication de la condamnation dans la presse.

Il n'a pas requis de peine de prison comme la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse et de l'expression l'y autorisait, celle-ci prévoyant jusqu'à 22.500 euros d'amende et six mois, voire un an d'emprisonnement, pour "injure aggravée".

Ces réquisitions ont été qualifiées de "modérées" par Me Alain Scheuer, l'avocat d'Abelkader Chebaiki, président de l'association Ajir-34 - Association justice, information, réparation pour les harkis -, principalement visé par les propos de Georges Frêche. Elles ont été accueillies avec "colère et amertume" par les représentants de plusieurs associations de harkis présentes au procès qui se sont dits "déçus". "Ce sont les valeurs de la république qui ont été bafouées sans que le procureur ne réclame une peine à la hauteur de l'injure", a déclaré l'un d'eux.

Pour la défense, Me André Ferran, avait demandé "la relaxe" pour son client. "Dire que les propos de M. Frêche sont une injure raciale, constitue un viol pur et simple de la vérité", a-t-il dit. M. Frêche, absent à l'audience, avait été mis en examen pour "injure envers un groupe de personnes en raison de son appartenance ethnique, raciale ou religieuse". Il a tenté de s'expliquer dans une lettre lue par la présidente du tribunal, Michèle Monteil. Dans ce courrier, il a souligné avoir été "copieusement qualifié de +cocu+ et de +connard+", lors de la cérémonie. "Le terme de sous-homme est sorti sur la colère, je voulais dire minus ou minable", a-t-il expliqué.

Le 11 février, lors d'une cérémonie à Montpellier en hommage à un ancien porte-parole de la communauté pied-noir, M. Frêche avait apostrophé des harkis ayant participé le même jour à une manifestation de l'UMP: "ils (les gaullistes) ont massacré les vôtres en Algérie et vous allez leur lécher les bottes! Mais vous n'avez rien du tout, vous êtes des sous-hommes, vous n'avez aucun honneur!".

 

 

Le procès s'est ouvert dans une ambiance tendue. Une centaine de personnes ont manifesté devant les grilles du palais de justice où était accrochée une banderole proclamant: "Tous unis pour condamner les insultes de Georges Frêche sur les harkis". Le père de M. Chebaiki, Mohamed Chebaiki, âgé de 72 ans, victime d'un malaise a été secouru par les pompiers.

Une dizaine d'associations - des associations de défense des harkis ainsi que la Ligue des droits de l'homme (LDH), le MRAP et SOS-racisme, représentées par autant d'avocats, s'étaient constituées partie civile.

Des témoins ont déposé en faveur de M. Frêche. Roland Dessy, retraité, a souligné notamment que le prévenu avait "tout le temps soutenu avec force, conviction et amour, la communauté des rapatriés. Lorsqu'il a prononcé le mot de sous-hommes, personne n'a fait de relation avec les (mêmes) mots employés 55 ans auparavant" (ndlr: sousle nazisme).

Auparavant, la dizaine d'avocats présents avaient unanimement condamné des "propos aveuglants et intolérables qui s'adressaient à l'ensemble de la communauté harkie": certains ont souligné le "désir de faire mal" de la part d'un homme politique, devenu "un véritable taliban de la république" qui a été "transformé par l'ivresse du pouvoir" mais qui "sera jugé par l'histoire".

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