Autrement dit, la Constitution qui garantit la liberté syndicale serait-elle un menu à la carte chez le leader du pneumatique ? Pour les militants de la CGT de Michelin, la stagnation des carrières et le blocage du salaire leur sont dédiés et les primes, dues au mérite, récompensent en priorité les collègues non syndiqués. Les syndicalistes se sont alors inspirés de leurs confrères de Peugeot qui en 1995 attaquent leurs employeurs pour des faits similaires. Apparemment, la discrimination revêt un caractère individuel mais les salaries discriminés, après avoir identifié le caractère commun de la ségrégation, ont entamé une action collective pour obtenir gain de cause.
Pour constituer la preuve de la discrimination, ils utilisent la méthode des panels comparatifs. Cette méthode permet de représenter, à l’aide d’un tableau, l’évolution de leurs carrières, salaires et primes comparée à celle de leurs collègues ayant la même ancienneté dans l’entreprise. Pour accéder au panel ils ont dû effectuer une procédure en référé qui permet d’avoir accès aux documents auxquels seule la direction de l’entreprise a accès. Cette méthode est désormais très utilisée par les syndicats sur le terrain judiciaire pour faire valoir les droits des travailleurs afin d’éviter les discriminations syndicales qui étaient devenues massives et banalisées.
Le Tribunal de Grande Instance a relaxé les dirigeants de Michelin pour les faits de discrimination sur les employés, le tribunal des prud’hommes les a reconnus coupables le 5 mars 2004, les condamnant à un total de 475 000€ de Dommages et Intérêts.
Karim Benchaib
Publier un nouveau commentaire