mercredi 7 mars 2007, mis à jour à 18:54
Discrimination Pour ou contre les statistiques ethniques? Sylvain ChazotPOUR
Patrick Simon, de l'Institut national des études démographiques
Un "moyen adéquat" pour lutter contre les discriminations
Pour le premier, l'utilisation de statistiques ethniques serait le point de
départ de travaux efficaces pour lutter contre les discriminations. "Le
problème aujourd’hui est qu'on ne dispose pas d’informations concrètes pour les
mesurer" avance le chercheur.
L’utilisation de statistiques faisant référence à l’origine ethnique permettrait donc de récolter des données utiles à la mise en place de mesures anti-discriminatoires. "Quand on veut savoir ce qu’il arrive à quelqu’un dans la société et que l’on soupçonne son origine culturelle, géographique ou ethnique, de jouer un rôle, il faut trouver les moyens adéquats." poursuit Patrick Simon. "Notre but n’est pas de ficher les gens mais de construire une connaissance. L’introduction d’une question sur le pays d’origine des parents dans le recensement pourait, par exemple, s’avérer utile. On sait que les descendants d'immigrés ont une plus faible perspective de mobilité sociale. Que faire pour changer cet état de fait ?"
Patrick Simon considère qu’il faut porter la réflexion au niveau du débat public : "Une société qui a peur de se poser cette question est une société qui va mal." D’autres chercheurs comme Eric Fassin de l’Ecole des hautes études en sciences sociales ou Philippe Bataille, de l’Université de Poitiers, partagent son opinion.
CONTRE
Samuel Thomas, vice-président de SOS Racisme
"Une pratique extrêmement dangereuse"
Comme d’autres associations, SOS Racisme est résolument contre l’établissement
de statistiques ethniques. Samuel Thomas: "le combat contre les
discriminations ne passe pas par l’organisation de la diversité, ni par le
dosage ou la répartition des populations. De plus, le fait de vouloir enfermer
les individus dans des identités ethno-raciales, c'est leur dénier le
droit d'être un citoyen à part entière." Le recensement racial ne
permettrait donc pas de lutter contre les discriminations. Pire, il les
aggraverait.
Samuel Thomas tire la sonnette d'alarme. Pour lui, cette pratique est extrêmement dangereuse : "On franchirait une limite" explique-t-il. "Les stéréotypes deviendraient alors des statistiques, des idées sociologiques." Et le vice-président de SOS Racisme de rappeler qu’il y a déjà eu, auparavant, des statisitiques ethniques, durant la colonisation ou sous le régime de Vichy. "Revenir à ce système sans présumer qu’il puisse conduire à des pratiques discriminatoires est très naïf."
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