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Dangereuses statistiques ethniques

Vendredi, 9 Mars, 2007
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Samuel Thomas: "La légalisation de tels fichiers dans l’immobilier permettrait de justifier l’utilisation de « seuils ethniques », au-delà desquels il ne serait plus supportable d’accepter des locataires de certaines origines, alors que la lutte contre les discriminations requiert l’anonymat des demandeurs."

Discriminations . Les syndicats de l’INSEE et les associations de défense des droits de l’homme, s’opposent aux fichiers « ethnoraciaux ».

 


Journal l'Humanité
Rubrique Société
Article paru dans l'édition du 9 mars 2007.

 

 

 

société
Dangereuses statistiques ethniques

La discrimination positive et la politique de la « diversité » animent, depuis de longs mois, le débat sur la lutte contre les discriminations. Les votes des départements d’outre-mer étaient une priorité de Nicolas Sarkozy bien avant son calendrier de campagne. Il lui faut flatter les réactions épidermiques des Noirs français, victimes comme les autres, en métropole, de discriminations racistes. Tout en préconisant la nécessité de faire apparaître les « origines » dans les fichiers de la délinquance pour s’attirer les voix d’extrême droite. Tout cela pollue le débat sur l’introduction d’un référentiel « ethnoracial » dans les statistiques publiques et le fichage correspondant.

Ce contexte ne rendait que plus intéressante la conférence de presse tenue conjointement, mercredi, par les syndicats CGT, CFDT, FO, SUD et CGC de l’INSEE, et la LDH, le MRAP, SOS Racisme et la LICRA. Entre les spécialistes de la statistique à forte déontologie et les associations antiracistes, lé de vue était totale : leur opposition à l’introduction de données « ethnoraciales », si tant est que ce terme recouvre une réalité, dans les fichiers de gestion, est radicale. Leur utilisation dans le cadre d’enquêtes ciblées l’est un peu moins, mais il reste une opposition de principe : ce mode de réflexion ne peut qu’ouvrir toutes les portes au racisme institutionnel. Ainsi, Samuel Thomas, de SOS Racisme, précisait-il que la légalisation de tels fichiers dans l’immobilier permettrait de justifier l’utilisation de « seuils ethniques », au-delà desquels il ne serait plus supportable d’accepter des locataires de certaines origines, alors que la lutte contre les discriminations requiert l’anonymat des demandeurs. Ainsi, Jean-Pierre Dubois, de la Ligue des droits de l’homme, refusait-il l’idée de travailler avec les idées de ses adversaires pour lutter contre eux. Tous dénonçaient le piège auquel s’exposeraient les antiracistes en cas de virage vers la droite extrême de la politique française, les fichiers étant toujours utilisables dans les deux sens et l’Histoire enseignant la prudence.

Émilie Rive

 

 

 

Page imprimée sur http://www.humanite.fr
© Journal l'Humanité

 

 

 

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