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Premier procès pour fichage ethnique en entreprise

Lundi, 23 Juin, 2008
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Justice . Maghrébins, Noirs… La société Daytona classait ses employés en fonction de leurs origines. Les ex-dirigeants comparaissent aujourd’hui.

Société - Article paru le 23 juin 2008

Société

Premier procès pour fichage ethnique en entreprise

Justice . Maghrébins, Noirs… La société Daytona classait ses employés en fonction de leurs origines. Les ex-dirigeants comparaissent aujourd’hui.

Dans ces fichiers, Daytona annonçait la couleur… de ses employés. « Ce type de discrimination est très répandu dans les métiers de la beauté, soutient Samuel Thomas, vice-président de SOS racisme. Mais cette fois-ci, on a réussi à le prouver. » Spécialisée dans la mise à disposition d’hôtesses de vente et de commerciaux pour de grandes marques, la société Daytona et deux de ses ex-dirigeants comparaîtront aujourd’hui devant le TGI de Nanterre pour discrimination raciale et fichage ethnique de salariés. SOS racisme affirme détenir un document interne qui détaillait les critères physiques des

hôtesses. Jusqu’en décembre 2002, Daytona aurait ainsi attribué un numéro aux personnes enregistrées sur sa base de données : 1 pour les Européens blanc, 2 pour les Maghrébins, 3 pour les Noirs et 4 pour les Asiatiques. Pire encore, certains postes d’hôtesse, principalement dans le secteur du luxe haut de gamme, portaient la mention « nationalité française et pure white ».

Selon SOS racisme, c’est la première application sur un fichier de salariés de l’article 226-19 du Code pénal qui interdit la « mise ou conservation en mémoire informatisée sans le consentement exprès de l’intéressé des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître (notamment) les origines raciales ou ethniques ». « Et si Daytona est condamné, ce sera la première fois que l’illégalité d’un fichage ethnique sera établie, explique Samuel Thomas. Car les procédures précédentes, concernant des fichiers de locataires ou de délinquants, n’ont pas abouti. » L’ancienne directrice du département hôtesse, Caroline Housset, et l’ex-directeur général, François Lévêque, risquent jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende. La société pourrait se voir infliger 150 000 euros d’amende. Ce n’est pas suffisant, pour SOS racisme. L’association a déploré que des « clients identifiés lors de l’enquête, comme les marques Gillette et Guerlain, n’aient pas été eux aussi renvoyés devant le tribunal ».

Le résultat de ce procès est d’autant plus attendu qu’il coïncide avec le lancement du « label diversité » de Brice Hortefeux, qui aura lieu le 1er juillet. Confié par le ministère de l’Immigration à l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH), ce projet est censé « inciter les entreprises à développer de bonnes pratiques en matière de lutte contre les discriminations ». Et, selon Pascal Bernard, DRH d’Eau de Paris et porteur du concept, interrogé par l’AFP, « on ne peut pas demander aux entreprises de progresser si celles-ci ne peuvent pas mesurer et mettre en valeur leurs progrès par des audits réguliers ». « C’est une véritable offensive pour la légalisation des statistiques ethniques ! tonne Samuel Thomas. Il faut s’opposer à cette tendance de fond qui vise à classifier et à analyser les comportements des gens en fonction de leur origine. » Selon SOS racisme, la pétition fichepasmonpote.com aurait déjà recueilli 106 000 signatures. « C’est le signe d’une désapprobation massive des Français », pour le vice-président de l’association.

Mehdi Fikri

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