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Fichage: SOS Racisme au rapport

Mercredi, 4 Novembre, 2009
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Mercredi, l'association anti-raciste a rendu public un rapport sur les systèmes discriminatoires de recrutement dans certaines entreprises françaises, via un système de fichage ethnique. Une quinzaine de sociétés est épinglée.

Emploi |  4 Novembre 2009


"Accablant". C'est avec ce qualificatif que SOS Racisme a accompagné, mercredi, devant la presse, la présentation de son rapport sur la discrimination en entreprise. En 48 pages, l'association présidée par Dominique Sopo épingle une quinzaine de grandes entreprises, coupables à ses yeux d'opérer un fichage ethno-racial en vue de leur recrutement. Le document, qui vise, entre autres, des groupes comme Air France, EuroDisney ou Nissan mais également des offices HLM, a été remis à Patrick Karam, délégué interministériel pour l’égalité des chances des Français d’Outre mer. Jugeant à son tour "accablantes" les conclusions du rapport, celui-ci a alors promis une "tolérance zéro" de la part des pouvoirs publics contre ce genre de pratiques.

Hasard du calendrier, ce mercredi matin, suite à une décision de la justice saisie par SOS Racisme, un huissier s'est rendu au siège d'EuroDisney, à Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) afin d'y saisir d'éventuels fichiers de salariés illégaux. Dans son rapport, l'organisation anti-raciste reproche au groupe d'établir, via son site internet, une distinction entre les Français de métropole et les autres. L'onglet "pays", à renseigner pour chaque salarié, mentionnerait en effet - en plus de la France - la Guadeloupe, la Martinique, La Réunion, la Polynésie française, la Guyane française et la Nouvelle-Calédonie. But de la manœuvre, dixit SOS Racisme: que le personnel "ressemble à la clientèle". "Déplorable", a réagi la direction du célèbre parc d'attractions, qui, ironie du sort, participe à l'expérimentation du CV anonyme. "24% de nos salariés sont étrangers, dont 36% hors Union européenne", a-t-elle ajouté en rejetant fermement les critiques.

Attaques et ripostes

D'autres entreprises n'ont d'ailleurs pas manqué de riposter aux attaques de SOS Racisme, essentiellement fondées sur des plaintes syndicales. Air France en fait partie. La compagnie aérienne est accusée de réclamer son origine ethnique (africain, antillais, eurasien, etc.) à toute hôtesse au steward se portant candidat à un poste sur des "vols spéciaux" (voyage présidentiel, équipe de football, etc.). Contactée par Le Parisien, la direction d'Air France se défend à son tour de toute discrimination. S'appuyant sur un courrier de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), elle affirme "que le consentement express des salariés était recueilli en toute connaissance de cause". En outre, et "afin de faire taire toute polémique, Air France a décidé de supprimer les données sensibles qui figuraient initialement dans le fichier", poursuit-elle.

Addition des deux exemples qui précèdent, le constructeur Nissan, lui aussi épinglé par le rapport, se défend en expliquant que le candidat n'est "pas obligé de révéler son origine ethnique". Toutefois, ajoute un porte-parole français de la firme japonaise filiale de Renault - dont l'ancien P-DG, Louis Schweitzer préside actuellement la Halde (*), "cette mention est systématique lorsqu'on travaille aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Etant donné qu'il s'agit d'un portail global permettant de postuler dans le monde, la question figure sur notre site." Un argumentaire battu en brèche par SOS Racisme. "Si on recrute sur le territoire national, on doit recruter avec les critères prévus par le code du travail, martèle Samuel Thomas, vice-président de l'organisation, interrogé par Europe 1. Et en France, on n'a pas le droit de recruter sur critère ethno-racial. Fichier ethnique égale discrimination", conclut-il.

(*) Haute autorité de lutte contre les discriminations et l'exclusion

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