La gérante d'un salon
de coiffure de Loire-Atlantique condamnée pour discrimination à l'embauche
AP | 17.07.06 | 16:38
NANTES (AP) -- La gérante d'un salon de coiffure de Châteaubriand
(Loire-Atlantique) a été condamnée lundi à 3.000 euros d'amende, dont 1.500
euros avec sursis, pour discrimination à l'embauche, a-t-on appris auprès de
SOS-Racisme et des avocats. Elle avait refusé d'embaucher une jeune femme
titulaire d'un CAP parce qu'elle était noire.
Huguette Rivaud comparaissait devant le tribunal correctionnel de Nantes pour
"discrimination à l'embauche en raison d'une appartenance ethnique ou
raciale". Elle a également été condamnée à verser 1.500 euros de dommages
et intérêts à la victime, Clairmise Valton, et 1.000 euros à SOS-Racisme (500
euros pour le national, 500 pour le comité local), ainsi que 800 euros pour les
frais d'avocat des parties civiles.
"Mme Valton voulait une déclaration de culpabilité, donc elle l'a
eu", a déclaré à l'Associated Press son avocate, Me Marie-Emmanuelle
Beloncle. Elle a observé que le montant des dommages et intérêts était
"loin d'être négligeable". "Je considère qu'on est au-delà de
dommages et intérêts symboliques", a-t-elle ajouté, se félicitant de la
rapidité avec laquelle a été traitée l'affaire.
Le 22 novembre 2005, Clairmise Valton, une jeune femme d'origine haïtienne
mariée à un Français, se présente dans un salon de Châteaubriand pour y déposer
un CV. La gérante, Huguette Rivaud, lui répond alors qu'elle n'a besoin de
personne. Or, le lendemain, la jeune coiffeuse se voit proposer par l'ANPE un
remplacement d'un mois pour un congé-maladie dans ce même salon.
Surprise, elle rappelle la gérante et lui précise qu'elle est la jeune femme
qui est passée la
veille. Cette fois, la patronne lui répond qu'elle a reçu
suffisamment de candidatures. Clairmise Valton demande alors à une de ses amies
blanches de postuler à son tour. Cette fois, Huguette Rivaud se montre
intéressée et lui fixe un rendez-vous. La jeune femme prévient l'agence ANPE
qui soupçonne tout de suite une discrimination raciale, prévient l'Inspection du
travail et retire l'offre d'emploi.
Selon l'avocat de la prévenue, Me Stéphane Fouéré, sa cliente ne devrait pas faire
appel de la décision. "Mme Rivaud a été très déstabilisée par cette
procédure; elle n'envisage pas de la faire perdurer", a-t-il expliqué à
l'AP. "Elle a toujours voulu faire preuve d'humanité et elle a été en
partie dépassée par toute l'ampleur que cette affaire a pu prendre et toute la
publicité qui a été faite à cette affaire".
Devant le tribunal, la gérante du salon avait raconté qu'elle se sentait
"plus à l'aise avec des personnes qu'elle identifiait comme étant
proches", a rappelé l'avocat. "Ce n'est pas une personne qui est
raciste ou xénophobe", a-t-il assuré.
Le vice-président de SOS-Racisme Samuel Thomas s'est dit "satisfait" de
cette décision qui "consolide notre jurisprudence sur le testing" et
"encourage les victimes à l'organiser elles-mêmes". Pour autant, il a
estimé que les montants des dommages et intérêts n'étaient "pas
significatifs", la victime ayant perdu "au moins un mois de
salaire" et ayant été contrainte de changer de vie, en passant, avec
succès, un concours d'aide-soignante. AP
Posté dans
Lundi, 17 Juillet, 2006
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