JUSTICE - Adecco et Garnier blanchis des accusations de discrimination
Le tribunal a estimé que les preuves contre Adecco étaient insuffisantes. (Photo : AFP)
La 31ème
chambre du tribunal correctionnel de Paris a tranché hier : la société de
travail temporaire Adecco, sa filiale Districom et les laboratoires
spécialisés en cosmétiques Garnier (propriété du groupe L’Oréal) ne se sont
pas rendus coupables de discrimination à l’embauche. Le procès contre ces
trois entreprises – en tant que personnes morales – ainsi que contre trois de
leurs cadres, avait débuté il y a deux semaines. Tous étaient soupçonnés de
"discrimination en raison de l'origine, de la nationalité ou de
l'ethnie" pour des faits remontant à 2000.
Garnier cherchait alors à composer un groupe d’animatrices pour une opération
de promotion de sa ligne de produits capillaires Fructis. La filiale d’Adecco
avait été chargée de recruter des jeunes filles. Une plainte avait ensuite
été déposée par SOS Racisme, après que l’association a eu entre les mains un
fax compromettant. Dans ce document, Districom signalait à sa maison mère que
Garnier souhaitait que ses ambassadrices soient "BBR". SOS Racisme
avait également réussi à obtenir des témoignages d’employés de l’agence de
recrutement, qui avaient confirmé que dans le jargon de ce secteur, BBR
signifie "bleu-blanc-rouge", c’est-à-dire "pas
d’étranger".
BYB = blond aux yeux
bleus
Le vice-président de SOS Racisme, Samuel Thomas, avait indiqué à
l’ouverture du procès : "notre
ambition est de démanteler les systèmes de discrimination".
Il assure que les codes utilisés « en interne » sont très répandus dans le
milieu du recrutement. "BYB" signifie par exemple "blond aux
yeux bleus".
Hier, l’association a émis un communiqué dans lequel elle se dit "scandalisée" et
dénonce une décision de justice "extrêmement
inquiétante". Allant contre la recommandation du parquet –
qui avait demandé "des
peines d'amende de principe" – le tribunal a en effet estimé
qu’il manquait de preuves pour établir la discrimination raciale. Les
personnes appelées à témoigner à charge n’avaient pas "assisté personnellement à une
sélection ayant pu être discriminatoire". De plus, Districom
a affirmé que la mention BBR sur le fax se référait simplement à des
personnes capables de "s'exprimer
correctement" en français.
SOS Racisme a annoncé sa décision de faire très rapidement appel du jugement
et espère que le parquet fera de même.
Camille VAYSSETTES.
(LPJ) 2 juin 2006
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