France: Hassan porte plainte pour discrimination à l'embauche
le 25/02/2003
NOGENT-SUR-OISE. Hassan A.
s'estime victime d'une discrimination à l'embauche. Le jour de l'entretien, il
avait dissimulé un dictaphone sous son blouson.
HASSAN A., 32 ans, a de bonnes raisons de ne plus savoir où il en est. Il pose
devant lui deux CV. Sur l'un il s'appelle Hassan A., sur l'autre il est Jean
Leblond. Les compétences professionnelles sont identiques : un bac obtenu en
1992, un CAP de tourisme, de nombreuses expériences en milieu hospitalier et
dans les aéroports. Ces deux profils, il les a envoyés à une même entreprise
d'Asnières (Hauts-de-Seine), à un mois et demi d'intervalle. Il répondait à une
petite annonce d'une société recherchant un agent de sûreté pour l'aéroport de
Roissy-Charles-de-Gaulle. Hassan fait partir son premier CV fin décembre. Il
attend un mois puis décide de relancer par téléphone l'entreprise. Première question
de la recruteuse : « Vous êtes né où, monsieur ? » « Au Maroc. » La réponse
fuse : « C'est pour cela qu'on ne vous a pas répondu. » « J'ai souligné que
j'avais acquis la nationalité française en 2000 », se souvient Hassan. La
réponse est catégorique : « On ne peut pas vous recruter. » « Depuis cet
entretien, je suis bouleversé. Je n'avais jamais eu de problèmes et je ne
croyais pas que ça existait », explique-t-il le plus naïvement du monde.
Abattu, Hassan reste terré chez lui quelques jours puis décide de réagir. « Je
suis allé au tribunal d'instance à Creil et ils m'ont conseillé de porter
plainte et de déposer une nouvelle candidature en maquillant mon nom et en
supprimant ma photo. » Il décide de s'appeler Jean Leblond. Et quinze jours
après, il est convié à un entretien alors qu'il n'a pas changé une virgule à
son CV.
« Si ce n'est pas une discrimination à l'embauche, qu'est-ce que c'est ? » Le
jour de l'entretien, il dévoilera maladroitement la supercherie. « L'entreprise
a essayé de m'expliquer qu'il y avait certainement eu une incompréhension. Elle
aurait insisté sur la nationalité parce que ces postes ne sont accessibles
qu'aux Français et aux ressortissants européens », rapporte Hassan qui avait
dissimulé un dictaphone sous son blouson. SOS Racisme a immédiatement pris
l'histoire au sérieux. D'autant plus que l'association a rassemblé d'autres
dossiers similaires. Samuel Thomas, vice-président de SOS, le confirme : « Nous
avons des affaires identiques avec d'autres sociétés de sécurité qui recrutent
du personnel de sûreté aéroportuaire. Certaines prévoient une clause de
nationalité, mais ce n'est possible que sur des postes très précis.
Actuellement, elles extrapolent sur tous les postes. Nous constatons une vague
de discrimination. C'est un effet post-11 septembre. »
Source : Le Parisien
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