« Beaucoup de dossiers classés sans suite »
A l'heure actuelle, la situation n'est guère réjouissante. « En s'appuyant
sur les statistiques de l'Insee, on peut estimer qu'au moins 189 000
étrangers sont privés d'emploi du fait de la seule discrimination »,
s'emporte Samuel Thomas, le vice-président de SOS Racisme. Et même les
diplômes ne constituent pas une protection suffisante. Alors que les Français
de naissance ayant effectué des études supérieures ne sont que 5 % à pointer
au chômage, les étrangers titulaires d'une formation équivalente sont 20 % à
être privés d'emploi. Et ceux qui ont été naturalisés Français sont à peine
mieux lotis : 10 % des titulaires d'un bac + 1 et plus sont inscrits dans les
fichiers de l'ANPE. Tous les secteurs d'activité sont concernés. Même si les
étrangers ou les Français d'origine étrangère ont particulièrement du mal à
percer dans les métiers de la vente et dans les postes à responsabilité... Au
fil des ans, pourtant, la discrimination à l'embauche a évolué. Le racisme en
entreprise prend des formes plus insidieuses. « En règle générale, les
employeurs qui pratiquent la discrimination expliquent qu'ils sont obligés de
le faire à cause de leurs clients », constate Samuel Thomas. Certaines
entreprises mettent également en oeuvre des politiques de quotas. Une
discrimination plus souterraine, parfois plus difficile à dénoncer. D'autant
que, même si quelques progrès ont été enregistrés, la justice manque de
réactivité. Sur la trentaine d'affaires soulevées par SOS Racisme depuis
trois ans, une dizaine ont abouti à une condamnation. « Beaucoup de dossiers
sont classés sans suite. » L'organisation milite désormais pour une vigilance
accrue de la part de l'appareil judiciaire et souhaite que les peines
encourues, qui restent encore plutôt faibles, soient renforcées.
Valérie Hacot
Le Parisien , lundi 21 mars 2005
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