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Des étrangers avaient déposé plainte au Mans. Un patron de bar jugé pour racisme

Mercredi, 4 Octobre, 2000
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Le patron d'un bar-discothèque du Mans a comparu, hier, devant la Cour d'appel d'Angers pour discrimination raciale. En première instance, au Mans, il avait été condamné à 10 000 F d'amende.

Journal Ouest-France du mercredi 4 octobre 2000
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Des étrangers avaient déposé plainte au Mans  

Un patron de bar jugé pour racisme


" Je n'ai jamais donné de consignes de type racial à mes employés ! " A la barre, le jeune patron du " Portland " un bar-discothèque du centre-ville du Mans, a plaidé non-coupable devant les magistrats angevins. Pour son avocat, Me Alain Pigeau : " Une relaxe s'impose. " Et le conseil d'argumenter. " Les Africains et Maghrébins ont été refoulés par le portier sur des critères liés à leur comportement et à leur tenue vestimentaire. Ce patron a, seulement, fait preuve de vigilance pour éviter toutes sortes d'incidents " N'empêche que dix jeunes hommes de couleur, tous étudiants, ont porté plainte en mai et juin 1997 dénonçant des faits de discrimination dont ils avaient été, individuellement, victimes à l'entrée du " Portland ". Des victimes que le tribunal du Mans a reconnues, le 14 janvier dernier, en relevant : " D'après les témoignages et déclarations concordantes, une distinction était bien opérée entre les clients de race blanche et les clients de couleur. " Aucun doute pour l'avocat général Féron reprenant le tribunal du Mans : " Difficile d'apporter des preuves en matière de discrimination. Mais, il est clairement établi que la politique de l'établissement s'articulait autour d'un meilleur chiffre d'affaires, plus d'argent ! " Trop économes ou trop turbulents S'adressant directement au patron, le magistrat a poursuivi en demandant la confirmation du jugement : " Vous estimiez trop économes vos clients africains et trop turbulents vos clients maghrébins. " En présence du vice-président national de SOS racisme, Samuel Thomas et du président départemental de la Ligue des droits de l'homme, Christophe Arnaud, Me Wents, avocat des deux associations, a plaidé dans ce sens. " Aujourd'hui, dans toutes les discothèques, c'est le même refrain. On pratique une politique de quota parmi les gens de couleur. Et pour la faire appliquer, on embauche des portiers maghrébins ou africains. Ainsi, on se défend d'être raciste ! " Des propos confirmés par Me Célestin Konyona-Tumbale, avocat des parties civiles : " Ces jeunes n'ont pas inventé un complot. Ils sont victimes d'une forme sournoise de discrimination. Ils ne consomment pas assez. Donc, on ne les laisse plus entrer. " L'affaire a été mise en délibéré au 31 octobre. Yves LAUNAY.

 

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